D’où viennent les 3 fenêtres ?

face_3fe_modeste2couleurTypiquement marseillais, l’immeuble 3 fenêtres est pratiquement partout. La construction de ces immeubles débute vers le milieu du XVIIIe siècle et court jusqu’au début du XXe. On peut donc en voir dans les zones qui ont été urbanisées au cours du XIXe. Il est moins présent autour du port (ou c’est soit trop récent, soit trop ancien), ainsi dans les extrémités actuelles de la ville.

L’origine de ce format est un peu floue pour moi. Difficile de trouver une raison probable parmi tout ce qui se dit et l’absence de source (pour le moment en ce qui me concerne).

Le plus souvent, on entend dire que quand Marseille arrêta les galères au profit de Toulon en 1781, l’arsenal situé sur le cours Estienne d’Orves s’est retrouvé avec quantité de bois de construction, notamment pour des mats de bateaux. Ces derniers auraient alors été utilisés comme poutre. Et leur longueur permettait une largeur de façade de trois fenêtres. Or, sachant qu’un immeuble 3 fenêtres de trois ou quatre étages (+ cave et combles) doit comporter plusieurs dizaines de poutres et que le port ne devait contenir peut-être qu’une trentaine de galères, je crois qu’il n’est pas raisonnable de penser qu’il y ait un lien de cause à effet. Il y a beaucoup trop d’immeubles 3 fenêtres pour la quantité probable de bois dans l’arsenal. Et quand bien même on aurait récupéré des poutres pour construire des immeubles, cela aurait donné quoi ? trois ? quatre ? cinq immeubles ? Ce n’est, je pense, pas assez pour lancer un style architectural.

J’ai aussi entendu que la largeur des façades des immeubles 3 fenêtres permettaient de lotir plus d’appartements sur une surface réduite. Certes, la maison toute en profondeur est lefacade_chave_3fe_1403 concept de l’habitat médiéval (en Provence du moins). Mais l’idée fonctionne pour un site réduit et délimité comme Martigues par exemple. À l’époque où on a commencé à construire ces immeubles, la ville s’arrêtait approximativement à Notre Dame du Mont/la Plaine. Ce n’était donc pas l’espace qui manquait. Le plus urgent était surtout de permettre à cette surpopulation de l’époque d’avoir un toit rapidement.

Dans Histoire Universelle de Marseille, Alessì Dell’Umbria dit qu’il s’agit d’une architecture janséniste. C’est-à-dire austère je suppose ? On préfère le confort intérieur, au détriment de la façade.

Et si on va par là, on peut voir ces trois fenêtres comme un rappel à la Trinité. Personnellement, je ne trouve pas ça illogique, d’autant plus que l’on retrouve cette simplicité dans le monde des bateaux marseillais et même dans certaines bastides. Toutefois et comme le dit lui-même Monsieur Dell’Umbria, ces 3 fenêtres ont été construits en masse par des promoteurs comme André Chave (du nom du boulevard, 1799-1868). Est-ce que des hommes d’affaire avides d’argent et d’expansion vont penser à la Trinité des 3 fenêtres pour lotir les anciens terrains agricoles ?

 

Bref, JE NE SAIS PAS. J’espère savoir un jour.

57 réflexions sur “D’où viennent les 3 fenêtres ?

  1. Bonjour, en ce qui concerne les trois fenêtres, avez vous fouillé les archives concernant les mats des grands voiliers usés ou abîmés dont un décret obligeait à la couper à la longueur maxi de 7.50 m.pour évitere que les navires Anglais (notre vieil ennemi maritime) ne les tachette pour leur usage du « gréement fractionné » afin de remater leurs bateaux après sinistre. Cdt

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  2. La raison est que 3 fenêtres correspondent à des planchers qui courent parallèlement à la façade sur 7m max. Cela permettait de construire les planchers avec des poutres bois d’environ 20x25Ht espacées de 1.25m à peu près. Des bois plus gros et plus longs étaient difficiles à trouver, lorsque cela s’imposait on recourrait aux poutres à « trait de jupiter ».
    La portée de ces poutres était recoupée par une cloison fine en brique, PORTEUSE, qui permettait de faire passer le plancher sans que les poutres ne fléchissent trop. Ceux qui aujourd’hui dégomment ces cloisons pour se faire des plateaux peuvent constater que le plancher haut se met à fléchir dangereusement…en général cela se termine par un confortement très onéreux.

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  3. Par ailleurs, il y aurait eu une règle d’urbanisme imposée en 1847 pour lutter contre la pénurie de terrains qui fixait la limite des parcelles à 7m x 30m… à vérifier.

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