Marseille et l’eau : la base et l’Antiquité

Le palais Longchamp célèbre l’arrivée de l’eau en 1849 à Marseille avec une certaine grandiloquence architecturale. En effet, creuser ce canal de 80 kilomètres a complètement bouleversé le paysage, les usages et les habitudes de consommation. Mais comment ça se passait avant 1849?

Commençons par le début.Gyptis_protis_tiecharmante_2

Quand les phocéens déboulent chez les celto-ligures autour de 600 av. J.-C. pour créer une colonie, ils s’installent sur la rive nord d’une calanque très abritée, appelée le Lacydon, loin des principales rivières du territoire alentour, Huveaune, Jarret, ruisseau des Aygalades.

En fait pour l’Huveaune et le ruisseau des Aygalades, il ne faut pas dire rivière mais fleuve parce qu’ils se jettent à la mer et ne sont l’affluent de rien.

Le sol marseillais est principalement karstique, c’est-à-dire que l’eau n’est pas retenue en surface mais s’infiltre dans le réseau des anfractuosités du calcaire (roche soluble et tourmentée).riz_karstique

Hem… Quand on verse de la sauce sur de la purée, la sauce reste sur la purée. Quand on verse la sauce sur du riz, la sauce se retrouve au niveau de l’assiette et non pas sur le riz. Là, c’est pareil. Marseille est une assiette de riz (de Camargue IGP bien entendu).

Le terroir parait sec, mais en profondeur l’eau est bien là. On dit souvent qu’il tombe en quelques heures d’orages à Marseille ce qui tombe en un an à Paris. Cette eau est stockée dans quatre nappes aquifères. On pouvait donc trouver de l’eau en surface, à environ 3 à 5 mètres dans le sol ou en forant à environ 15 mètres en cas de sécheresse.

Dès sa création sous l’Antiquité, Marseille boit grâce à de nombreux puits et petites sources.rivage_antique_actuel_port_autonome_colo2

Sous la période hellénistique, les archéologues ont trouvé des installations comme des drains, des conduites, deux sorties d’égout, des bassins… On a également retrouvé un très grand puits datant du Ve siècle av. J.-C. (6 mètres de diamètre pour 10 de profondeur) au niveau de l’actuel centre-bourse, qui devait sans doute être utile aux bateaux amarrés-là.
Un établissement de bains du IVe siècle av. J.-C. a laissé quelques restes au niveau de la Joliette (une salle ronde avec des baignoires individuelles en terre cuite).baignoire2

Sous l’influence romaine, les installations liées à l’eau deviennent plus importantes. Des thermes sont construits à proximité du port et on peut voir les restes sur l’espace Bargemon, à côté de l’hôtel de ville. Ils nécessitent davantage d’eau puisqu’il s’agit de plusieurs piscines à différentes températures. Peut-être a-t-on mis en place un aqueduc pour fournir les thermes? On n’a pas assez d’indices pour en parler avec certitude. Il semblerait toutefois, que ces thermes aient été plutôt luxueux. Si on se remet dans le bain (ahah) de l’époque, il faut avouer que des thermes implantés au milieu d’une calanque à peine urbanisée, avec le climat marseillais qu’on connait, ça devait être le paradis!therme2

Marseille et l’eau : le Moyen Âge